La responsabilité civile professionnelle : fondement et déclinaisons
Principe général
Le médecin généraliste, comme tout professionnel de santé, est tenu à une obligation dite de moyen (et non de résultat) : il doit mettre en œuvre tous les moyens et connaissances disponibles pour soigner, informer, diagnostiquer et orienter ses patients (code de la santé publique, art. L.1142-1).
- En ville : le praticien libéral engage sa responsabilité propre, à titre individuel. Toute faute, erreur de diagnostic, geste inadapté ou défaut de surveillance peut donner lieu à une action en responsabilité civile.
- À l’Hôpital Local : les généralistes salariés (ou contractuels) relèvent du régime de la responsabilité administrative. C’est alors la structure, souvent le centre hospitalier lui-même, qui sera mise en cause en cas de contentieux, sauf faute détachable (faute d’une particulière gravité, comportement intentionnel...).
D’après la MACSF, principal assureur des professionnels de santé, près de 1 500 mises en cause annuelles de généralistes arrivent aux mains des tribunaux, dont 11 % seulement aboutissent à une condamnation (données MACSF 2022). Les motifs principaux : retard diagnostique, défaut d’information, erreur de prescription, ou absence de coordination.
Notion de « continuité des soins » et coordination
Depuis la loi HPST de 2009 et le code de déontologie médicale (art. R.4127-47), le médecin doit assurer la continuité des soins. En pratique : il doit s’organiser en cas d’absence, détenir les informations nécessaires au suivi, signaler ses coordonnées, informer le patient sur les structures en capacité de le prendre en charge.
- En ville : obligation d’organiser une continuité, notamment en cas d’appartenance à une Maison de santé ou à une CPTS (Communauté professionnelle territoriale de santé).
- À l’Hôpital Local : le service garanti la présence médicale minimum, mais le praticien peut être impliqué en cas de rupture dans le relais de surveillance entre l’équipe libérale, ambulatoire et hospitalière.
Cette obligation accrue de coordination explique une hausse des litiges autour de la transmission ou de la non-communication d’informations : paradoxalement, le « partage de dossier » augmente la traçabilité, mais accentue l’exposition du professionnel en cas de faille (CNAM, rapport sur la gestion des dossiers patients, 2021).