Responsabilité du médecin généraliste dans la ville : pas seulement un trait d’union
La médecine générale reste en France la porte d’entrée du système de santé : plus de 90% de la population bénéficie d’un médecin traitant (source : Assurance Maladie, chiffres 2022). Le généraliste accompagne, oriente, porte l’historique, et demeure, dans la majorité des cas, le référent après un passage hospitalier ou un séjour en SSR/SAD. Mais comment cette responsabilité déontologique s’exerce-t-elle, en pratique, lors de chaque transition entre ville et hôpital ?
Obligation de transmission lors des admissions/sorties : les failles fréquentes
Au quotidien, ce sont ces deux moments charnières – l’entrée et la sortie d’hospitalisation – qui cristallisent les tensions en matière de continuité des soins :
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Admission : Attestation du médecin traitant, antécédents, traitement en cours, éventuel dossier médical partagé (DMP) : le médecin généraliste doit transmettre tout élément utile pour la prise en charge hospitalière, même en urgence.
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Sortie : Obligation réciproque : le service hospitalier doit fournir un compte rendu dans les meilleurs délais – mais le généraliste a le devoir de le réclamer s’il ne le reçoit pas, afin de poursuivre le suivi sans rupture.
Selon une enquête du Collège de la Médecine Générale (2021), près de 40 % des médecins généralistes évoquent une absence ou un retard fréquent de transmission de lettre de sortie, générant de la confusion voire des risques d’erreur médicamenteuse.
Des cas tout à fait emblématiques : une sortie précipitée d’oncologie sans lettre ni plan thérapeutique détaillé, une modification de traitement antidiabétique non signalée, créant un effet domino lors de la reprise ville…
Situations d’urgence : quel relais déontologique ?
En cas d’urgence, la question de la continuité prend une tournure aigüe : le médecin de ville doit s’assurer qu’il existe une solution de relais (appel au SAMU, contact collaboratif avec l’hôpital, transmission fiable du dossier à l’accueil des urgences). Là aussi, le Code de déontologie médicale impose que le généraliste ne quitte pas le patient en situation de danger sans relais effectif, même si cela suppose d’outrepasser les modalités ordinaires (Source : Conseil National de l’Ordre des Médecins).