Les mesures structurelles : installer, stabiliser, fidéliser
1. Majoration et aides à l'installation
Face à l’effondrement démographique de la profession dans certains territoires, la première réponse a souvent été financière : majoration du forfait patientèle médecin traitant (+20% dans les ZIP/ZIP+) ou aides de l’Assurance maladie (jusqu’à 50 000 € pour une installation en zone sous-dotée dans le cadre des “Contrats de début d’exercice” - Source : CNAM).
- Entre 2013 et 2022, 4 300 médecins ont bénéficié de ces aides, mais moins de 40% sont restés au-delà de 5 ans (HCFEA).
- Les Zones d’intervention prioritaire (ZIP) concernent aujourd’hui près d’un quart du territoire français.
Mais le constat demeure : l’attractivité financière, si elle représente un signal, ne suffit pas. Elle doit s’accompagner de solutions sur le cadre d’exercice, la conciliation vie professionnelle/vie personnelle, l’accès à un exercice collectif et coordonné.
2. Les Maisons et Centres de santé pluriprofessionnels (MSP/CSP)
L’exercice coordonné est souvent cité comme le socle le plus durable pour renforcer l’attractivité médicale des zones en tension. Selon la HAS, il existe 2 150 MSP en France début 2024, contre seulement 200 en 2010. Les données sont claires :
- 65% des jeunes médecins généralistes souhaitent s’installer dans une structure d’exercice coordonné (Cnesco).
- Une MSP sur deux se trouve dans une zone sous-dotée (DREES).
- La file active moyenne par MSP progresse de +10% par an depuis 2019.
Pour autant, l’effet d’appel aux nouveaux praticiens reste contraint par la difficulté à fidéliser, le poids des charges de fonctionnement, la raréfaction des profils infirmiers et paramédicaux dans ces mêmes territoires.
3. Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)
Depuis leur émergence en 2016, les CPTS se sont multipliées pour structurer la coordination “hors-les-murs” entre les acteurs de santé d’un même territoire (médecins, paramédicaux, pharmaciens, acteurs médico-sociaux, hôpitaux). En 2024, plus de 800 CPTS couvrent près de 70% de la population française (Assurance Maladie).
- Parmi leurs missions prioritaires : améliorer l’accès au médecin traitant, à la prise en charge non programmée, organiser les parcours patients complexes.
- Dans 40% des territoires sous-dotés, elles deviennent la seule structure “maillée” pour organiser la permanence des soins (Source : Fédération des CPTS).
Leur impact sur l’accès reste inégal : les difficultés administratives, la lourdeur des démarches et le manque d’ingénierie territoriale freinent leur pleine efficacité.